L’importance du poids de mon sac lors de mes périples le long des fleuves, le Rhône, la Saône et la Seine.
(Par Patrick Huet.)
Un point que je n’évoque pas durant mes conférences au sujet de mes voyages à pied le long du Rhône, de la Saône ou de la Seine est celui du poids de mon sac.
En fait, je n’aborde le sujet que lorsque l’on me pose la question, car d’ordinaire je n’y pense tout simplement pas.
On ne se souvient que des bons moments.
L’esprit est sélectif. On ne se souvient en général que des bons moments de l’existence, et on abandonne à la poussière du temps ses aspects les plus ardus.
Il en est ainsi de mes voyages. Le poids extravagant de mon sac ? Oublié dans le fleuve du temps ! Et surtout, oublié lorsque je marchais d’un pas vif le long des berges. Mon esprit se rappelait de son existence à la fin d’une étape quand je libérais mes épaules de son emprise.
L’épreuve du feu… ou la mise à l’épreuve de mon endurance.
L’épreuve la plus pénible que j’ai vécue du fait de mon sac se déroula dans les premiers jours de mon premier voyage : la descente du Rhône. J’avais bien testé mon sac à Lyon avant de partir. La veille de mon départ, je l’avais endossé et m’était exercé à me déplacer avec lui. Il était rempli à ras bord (et davantage) et ne me posait alors aucune difficulté. J’avais même l’impression qu’il était plutôt léger.
Ce fut une autre affaire quand je dus gravir et redescendre les pentes abruptes de la haute montagne aux alentours du glacier du Rhône. Des pentes acérées dont il fallait constamment reprendre l’ascension avant de les redescendre de nouveau.
Les 24 kg du sac me torturaient les épaules ! Ma carrure étant infiniment loin de rivaliser avec celle d’Arnold Schwarzenegger (dit Schwarzy), la pression de mon sac était telle que je sentis rapidement que je n’aurais pu continuer ainsi jusqu’à la mer. 813 km dans de telles conditions : impossible ! Mon dos en aurait été brisé bien avant.
Une trouvaille pour soulager mon dos et mes épaules.
Alors, j’ai trouvé une astuce. Placer une partie de mes affaires dans un sac plastique que je portais dans une main. L’autre main se chargeant de tenir le sac de couchage bien enveloppé dans sa pochette portative.
Vous allez me dire, le poids de l’ensemble restait identique. C’est vrai. Mais pas celui qui tirait sur mes épaules et les faisait hurler, tandis que mes biceps s’accommodaient fort bien du paquet qu’il devaient porter. Cela paraît invraisemblable vu que le poids de l’ensemble ne variait pas. Cependant, je puis vous assurer que mes épaules en furent énormément soulagées.
Etonnement des riverains vis-à-vis du Fleuve-trotteur ?
Quand il m’arrivait de traverser des communes, des yeux se sont peut-être étonnés de cet étrange équipage. Si ce fut le cas, je ne m’en suis jamais rendu compte. Quoi qu’il en soit, cette option me permit d’avancer sans avoir le dos brisé à la fin de ma descente du Rhône, ni les épaules anéanties. Et de pouvoir contempler la beauté fantastique des paysages qui se déployaient au fil de la marche.
Pour la descente de la Seine et la descente de la Saône, je me suis beaucoup moins chargé, ce qui m’a évité le terrible désagrément de ma première aventure. Toutefois, à la fin de chaque jour de marche, je ne manquais pas de contempler la marque que les lanières du sac avaient imprimée sur ma poitrine. Une empreinte qui persista chaque fois pendant plusieurs jours après mon retour à domicile.
Le poids du sac à dos : un point essentiel des randonnées.
Je ne parle presque jamais de ce sujet. Je l’ai juste abordé dans mon livre « Descente de la Saône à pied – histoire d’un fleuve-trotteur » . Néanmoins, c’est un point essentiel de tout amateur de randonnée et de tout aventurier. Un poids excessif peut gâcher un voyage, tout comme il peut gâcher l’usage de votre dos pendant un certain une fois le voyage terminé.
J’ai acquis cette expérience au dur du terrain. Je n’ai pas renouvelé cette erreur pour mes autres périples. Je savais ce qu’il convenait ne pas dépasser.
Si vous êtes novice : voici la marche à suivre.
Ne vous contentez pas de tester votre sac par une promenade au gré des rues planes dans votre ville. Remplissez-le exactement de tout ce que vous souhaitez emporter (y compris gourdes et réserve de nourriture). Ceci fait, rendez-vous dans les collines escarpées proches de votre domicile et partez en randonnée pour les cinq ou six heures suivantes.
Vous serez alors les conditions réelles de votre propre aventure. Vous constaterez rapidement quelles sont vos lacunes, quels sont vos besoins, et quelles sont vos limites. Vous serez ainsi le meilleur juge pour savoir si le poids convient à votre stature ou s’il faut l’alléger.
Je me suis toujours affranchi du poids du sac devant la beauté du paysage.
Pour en revenir à mes voyages, quel que fût le poids du sac à dos, il n’a jamais freiné l’élan de mes pas. Il pesait à la verticale, pas à l’horizontale. En terrain plat, ma vitesse restait identique à celle qui était mienne d’ordinaire (sans le sac). Ce n’est que pour gravir les pentes que j’étais obligé de ralentir. De même, sauter d’un rocher à un autre m’était impossible.
Par ailleurs, j’arrivais à surmonter l’écrasement de mes épaules meurtries pour découvrir la merveilleuse beauté des bords de fleuves qui se déployait devant moi. La vallée m’attirait, me happait, aspirait la chaleur de mon regard et ma hâte de la suivre et de poursuivre le voyage.
De la descente du Rhône à la descente de la Seine, en passant par la descente de la Saône, je finissais toujours par oublier le poids, les meurtrissures, les accablements d’une sorte ou d’une autre, pour me plonger avec délice dans le torrent de l’aventure.
Des livres pour partager mon aventure.
Ce fut un plaisir pour moi que de publier à la suite de mes voyages des livres afin de partager mes aventures. Ils s’intitulent : « Le Rhône à pied du glacier à la mer – Album photo« , « La Seine à pied de la source à la mer ». Et bien sûr « Descente de la Saône à pied – histoire d’un fleuve-trotteur » .