Retour anniversaire au Glacier du Rhône.

Le glacier du Rhône. Photo de Patrick Huet.
Failles brisant le glacier du Rhône. Photo de Patrick Huet. (Sous copyright.)

Un voyage à l’extrémité des glaces.

Pour le voyage anniversaire des dix ans de la descente du Rhône à pied.

Article de Patrick Huet. Ecrivain et Fleuve-trotteur.

Rien ne vaut une marche sur le haut des glaces pour vraiment se rendre compte de l’ampleur d’un glacier.

Pour accéder à celui du Rhône (en Suisse Alémanique), j’ai d’abord emprunté une voie de plus en plus raide qui va de la commune d’Oberwald jusqu’au hameau de Gletsch.

Ce jour-là, le torrent du Rhône était en crue, deux fois plus puissant qu’il y a dix ans. Six kilomètres de marche, six kilomètres à grimper et grimper toujours, en voyant le Rhône se jeter sur les rochers dans un vacarme assourdissant.

La chute du Rhône.

A Gletsch, j’ai continué encore trois kilomètres le long d’un petit sentier plat pour arriver à proximité des éboulis de roches en bas de la falaise et observer la chute du Rhône.

Pas question cependant de me hisser sur la falaise à main nue. Il soufflait un vent à décoiffer les pics de neige, et le froid traversait les vêtements dès que le soleil se cachait derrière un nuage. Je suis retourné à Gletsch pour passer la nuit à « l’hôtel du glacier du Rhône ».

Dès l’aube, vers le glacier.

Le lendemain, l’aube accueillit mes premiers pas en direction du glacier. A vol d’oiseau, trois kilomètres, mais en suivant les lacets de la route (totalement déserte de voitures) il fallait compter près de six kilomètres. C’était surtout le dernier qui fut le plus pénible. La pente déjà bien prononcée devenait encore plus accentuée. Plusieurs fois, j’ai surpris des sifflements… personne ni devant, ni derrière ! Ce n’est que par hasard que je découvris qu’il s’agissait de marmottes. Elles émettent des sifflements brefs, très saisissants.

La pointe du glacier : de sable et de glace.

Le glacier lui-même est fabuleux, mais il faut grimper sur son dos ou bien s’en approcher très près pour en découvrir l’écrasante surface.

De loin, on ne le remarque pas forcément, car tout le début, les cinq cents premiers mètres, est en partie recouvert de sable, de petits gravillons (provenant certainement de la montagne aux alentours). Par endroits, on y trouve une fine pellicule de terre menée là, je suppose, par le vent. Vue de loin, cette pointe du glacier n’est pas très agréable au regard, toutefois si l’on se donne la peine de l’escalader de quelques pas, la vision change aussitôt.

L’aventure sur la glace.

L’aventure commence réellement lorsqu’on prend pied sur la glace. Mais il faut être extrêmement prudent, car des failles surgissent parfois au travers même de la glace, certaines très étroites, d’autres, larges de plus d’un mètre. Si vous les abordez du mauvais côté, un simple glissement du pas vous envoie au plus profond de la faille.

Evitez donc de vous en approcher. Ce n’est qu’avec les plus grandes précautions et en avançant de bas en haut, que j’ai pu en aborder deux d’entre elles en toute sécurité et en prendre quelques vues.

Neige rose et falaise de glace.

Une fois sorti de la zone noircie de sable et de gravillons, la neige magnifique vous attend. Elle recouvre cette partie du glacier. Quel plaisir de courir sur ces flocons blancs et même rose parfois. Et lorsque l’on relève la tête, on ouvre grand les yeux sur les immenses falaises à sept ou huit kilomètres de là – Des falaises de glace d’un bleu extraordinairement éclatant sous la lumière du matin.

A l’extrême limite du glacier.

Là où il ne faut surtout pas s’aventurer seul, c’est à l’extrême limite des glaces.

Pour ma part, je n’y suis allé que parce que j’avais eu la chance d’y déceler un passage permettant d’accéder à l’endroit même où le torrent du Rhône se forme et se précipite hors du glacier. (Ci-dessous vous en avez la photo).

Torrent de la source au glacier du Rhône. Photo de Patrick Huet.
Torrent de la source au glacier du Rhône. Photo de Patrick Huet.

(Photo sous copyright Patrick HUET.)

Sous la haute paroi de glace, un lac s’est formé, mais un lac rugissant animé d’un courant formidable.

Je suis allé sur le rocher où ce torrent explosait, tourbillonnait, avant de bondir par-dessus la falaise. Voilà pourquoi, il ne faut pas y aller seul. Un simple faux mouvement, et l’on est emporté par la force du torrent puis déchiqueté par une chute de plusieurs centaines de mètres.

Conscient du risque, je n’ai même pas voulu me mettre à plat ventre pour toucher le torrent de la main (il était proche à ce point), préférant rester fermement accroché et en prendre des photos impressionnantes de souvenirs.

Le Rhône – été 2008.