Les Moulins de Nogent-sur-Seine.
Qu’ils soient à vent ou à eau, que leurs ailes tourbillonnent dans la brise ou que leurs aubes voltigent sur les eaux, les moulins possèdent la vertu de nous faire rêver.
Ils ont inspiré des hommes illustres. Don Quichotte en a fait l’objet de sa vie, Alphonse Daudet y a écrit ses lettres célèbres.
A Nogent-sur-Seine, les habitants vivent au quotidien de leurs moulins.
Les Moulins Sassot.
Petite ville de 6000 habitants, Nogent-sur-Seine est la commune la plus haute (en amont de la Seine) atteignable naturellement par bateau. Au-delà, il faut utiliser les canaux pour permettre le passage des péniches.
« Du côté, du côté, du côté de Nogent » on trouve une grande île bruissante de saules pleureurs (l’Ile Olive), mais également un formidable édifice aux allures de château.
Il s’agit d’un moulin de taille gigantesque. Au vu des immenses champs de blé qui s’étirent des portes de Nogent jusqu’à des lieux que le regard ne peut atteindre, on comprend qu’un moulin de cette dimension fut nécessaire.
Les premières fondations, fort modestes à cette époque, datent du XI° siècle. La structure s’agrandit au fil du temps pour atteindre en 1840 une envergure de 15 paires de meules fonctionnant de concert et actionnées par un canal de dérivation de la Seine qui leur apportait l’énergie indispensable.
Pierre SASSOT l’acquit en 1880. Pendant 45 ans, l’ensemble s’appela donc « Les Moulins Sassot » que d’aucuns continuent de nommer ainsi tant les moulins contribuaient à la notoriété de la ville et à son importance économique.
Les Moulins de l’est et de Nogent.
Les chemins de l’économie n’étant pas toujours uniformes, de profonds changements modifièrent les cours et les appellations des Moulins Sassot qui devinrent « Les Minoteries de l’Est » en 1925, puis « Les Moulins de Nogent » en 1951.
Bouygues se laissa tenter, en 1989, par l’éclat étincelant de ces flots de blé qui se déversaient en torrent dans les Moulins de Nogent. Pas pour très longtemps, hélas !
Les Moulins cessèrent leurs activités en 1990.
Les chiffres laissent rêveurs, car la capacité d’écrasement des meules représentait en 1990 un total de 240 tonnes par jour. C’est dire l’extraordinaire quantité de farine qui pouvait être produite par mois.
Minoteries Soufflet.
Les Moulins de Nogent restèrent muets durant quatre ans. Néanmoins, leur merveilleuse façade de pierres qui charmait toujours le regard des passants, ne laissa pas indifférente les Minoteries Soufflet. Cette société en fit l’acquisition en 1994 et y installa ses bureaux administratifs.
Une minoterie ayant son siège dans un véritable moulin, c’est un choix des plus élégants, ne trouvez-vous pas ?
Ces moulins sont visibles en plein coeur de la ville, en suivant le petit canal de dérivation de la Seine.
Auteur de cet article : Patrick Huet, écrivain – ayant longé toute la Seine à pied.
(N. B. Son livre « La Seine à pied de la source à la mer » vous décrira les chemins des bords de Seine.)